Une lettre de Robert Namias, directeur de l'information de TF1

© R. Namias
Reproduction sans accord du Monde du 15 juin 2002

Après la publication dans le MondeTV du 8 juin, de la chronique de Daniel Schneidermann, intitulée "Le Crime Parfait", nous avons reçu les précisions suivantes de Robert Namias, directeur de l'information de TF1:

A en croire Le MondeTV, il ne faudrait pas je cite: "Confondre cettre entreprise quotidienne de nombrilisme qu'est devenu le journal de TF1 avec le beau mot d'information". Les dix millions de Français qui nous font chaque jour confiance et qui accordent à l'information de notre chaîne une crédibilité deux foix supérieure à celle de nos principaux concurrents apprécieront (sondage Sofres pour Télérama, janvier 2002). Autant que les 200 journalistes de la rédaction qui chaque jour ne ménagent ni leur temps, ni leur talent, ni leur courage pour restituer en une heure et quart d'informations quotidiennes la vie de notre pays et celle du monde.

Les lecteurs du MondeTV apprenaient seulement la semaine dernière que le correspondant de TF1 à Berlin ne faisait plus partie de notre rédaction. Précisément, j'indique que le départ de notre collaborateur Alain Chaillou remonte à plus d'un an et demi et que celui d'un autre collaborateur cité dans l'article, Régis Faucon, date, lui, de près de deux ans.

Ce manque de sérieux dans l'information donnée n'aurait guère d'importance s'il ne servait de fondement à une démonstration selon laquelle le contenu des journaux de TF1 reposait sur la seule collaboration des deux journalistes cités plus haut. Le MondeTV déduit de ces départs que la politique étrangère a bel et bien disparu de l'antenne de TF1, et constitue une preuve supplémentaire de la volonté de notre chaîne de faire une information de nature purement franco-française, assoiffée de faits divers et de cartes postales en couleur.

La réalité est infiniment plus complexe et mériterait une analyse autrement plus fine que ces quelques lignes de critiques gratuites et sans fondement.

La politique étrangère n'est pas moins traitée sur TF1 qu'elle ne l'était auparavant, elle est seulement traitée différement comme c'est le cas d'ailleurs pour la plupart des journaux, qu'ils soient de presse écrite, de radio ou de télévision. Je n'ai pas le sentiment par exemple de voir aujourd'hui, en regardant la une du Monde, exactement la même chose que lorsque je lisais chaque jour dans ce journal en première page un bulletin de l'étranger, qui a disparu depuis belle lurette.

En quelques lignes, j'indiquerai simplement que la vocation de TF1 est de faire une information à double entrée, à la fois événementielle et de fond. Evénementielle : c'est-à-dire que, quel que soit le secteur de l'actualité traitée, chaque fois que nécessaire, il nous appartient de mettre les moyens les plus complets pour couvrir un événement, le donner à voir et en déchiffrer le sens. De fond : par des reportages de plus longues durées diffusés dans les journaux ou les magazines d'informations, il nous appartient également de faire connaître des faits, des situations en France ou à l'étranger qui peuvent inspirer la réflexion et permettre de nourrir le débat entre ceux qui nous regardent.

C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre aujourd'hui le traitement de l'actualité de politique étrangère sur TF1. Un traitement qui n'a jamais cessé d'être ample et divers. Et qui peut se traduire à titre d'exemple par quelques chiffres. Du 1er septembre 2001 jusqu'au 3 juin 2002, 175 équipes de TF1 ont effectué des reportages à l'étranger: il ne se passe pas un jour sans qu'une de nos équipes travaille pour nous hors de nos frontières. Il faut y ajouter l'activité très importante de nos bureaux permanents installés à Washington, Londres, Moscou, Rome et Jérusalem. Au total, depuis septembre 2001, nos collaborateurs ont livré à la rédaction 1621 reportages que nous avons diffusés dans les différents journaux de TF1, soit en moyenne 6 sujets par jour, dont une bonne partie dans le journal de 20 heures.

Pour être complet, j'ajoute que près d'un journal sur 3 depuis neuf mois, toutes éditions confondues, a été ouvert par un sujet de politique étrangère. [...] J'indique aussi que, loin d'abandonner la couverture de l'Allemagne, l'un des meilleurs spécialistes de ce pays, Bertrand Volker, qui parcourt inlassablement l'Europe pour TF1, informe régulièrement nos téléspectateurs de ce qui se passe outre-Rhin.

Quant à savoir s'il y a ou non un service de politique étrangère à la rédaction de TF1, qu'on me permette de remarquer que la questions n'est qu'affaire de terminologieet d'organisation interne. Dans notre rédaction, loin d'être réservée à quelques-uns, la couverture de la politique étrangère est ouverte à la plupart, ce qui permet à nos collaborateurs d'enrichir leurs compétences et d'explorer en permanence de nouveaux domaines