Des précisions de Régis Faucon

© Régis Faucon, ancien responsable de la politique étrangère à TF1
Reproduction sans accord d'un Courrier des lecteurs du Monde du 29 juin 2002

J'ai quitté TF1 le 31 décembre 2000, dans la plus grande discrétion - le directeur de l'information s'étant opposé à tout communiqué - à tel point que beaucoup de téléspectateurs me croient toujours à la télévision, tout en s'étonnant de plus me voir très souvent!

C'est peu dire que je me suis tenu scrupuleusement à cette ligne de conduite depuis cette date, par loyauté envers une rédaction où j'ai passé les meilleures années de ma vie professionnelle, mais la lettre de Robert Namias du 15 juin dans laquelle je suis cité, me conduit à apporter les précisions suivantes.

En tant que rédacteur en chef, responsable de la politique étrangère pendant de nombreuses années, assurant notamment la couverture des événements à caractère diplomatique, en France et à l'étranger, je ne crois pas être le plus mal placé pour témoigner de la lente désaffection pour ce secteur de l'actualité, désaffection qui a largement contribué à mettre un terme à vingt-cinq ans de collaboration.

Intervenant après la suppression de l'important service de politique étrangère en 1996, la fermeture de plusieurs postes à l'étranger, l'abandon des émissions spéciales en direct de tel ou tel point du globe et la disparition des commentaires en studio destinés à apporter au téléspectateur l'éclairage du spécialiste, mon départ a bien constitué l'aboutissement logique d'une politique éditoriale visant à réserver le traitement minimum à une spécialité qui n'intéresserait pas le plus grand nombre.

L'accumulation de chiffres sur la fréquences des reportages effectués hors de France ne reflète que partiellement la réalité si l'on omet de préciser que la plupart des sujets tournés actuellement à l'étranger - aussi justifiés et intéressants soient-ils -, ne sont pas des sujets de politique étrangère. La baisse de la criminalité à New York, les péripéties de la famille royale britannique, le goût des Allemands pour les asperges ou celui des Coréens pour le ragoût de chien, cela ne me paraît pas relever de la politique internationale.

Quant il ne s'agit pas d'une actualité très forte, comme les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ou l'intervention américaine en Afghanistan, qui obligent à un large traitement - ce que TF1 sait fort bien faire -, le monde ne fait plus recette.

Je garde de nombreux amis au sein de cette rédaction, dont je respecte les choix éditoriaux, d'ailleurs sanctionnés par une excellente audience. Encore faudrait-il que ces choix soient assumés, sans oublier que ceux qui ont cessé de plaire ont peut-être un peu contribué, à leur place et dans leur spécialité, à faire de cette chaîne la première de France.